Impact des inondations dans la ville de Grand-Bassam

  • AUTHOR: almatoya
  • 06/12/2019
Impact des inondations dans la ville de Grand-Bassam

2019 – Mission d’urgence déployée par l’Unesco

Au terme d’une mission composée d’experts déployés d’urgence à Grand-Bassam par l’Unesco pour évaluer l’impact des inondations dans la ville historique, Frédéric Auclair (Architecte du Patrimoine) s’est confié à Linfodrome.

Vous faites partie des experts, membres de la mission d’urgence déployée par l’Unesco pour évaluer l’impact des inondations dans la ville historique de Grand-Bassam. Quel est l’état des lieux que vous avez pu faire de la ville historique après votre mission ?

C’est assez tôt pour parler de l’état des lieux. Nous allons avoir un temps d’échanges entre les 7 différents experts dont 3 internationaux et 4 nationaux. Nous avons fait des visites de terrain. Nous avons rencontré des représentants de la mairie, des différents ministères, du comité local, le roi également. Sur les conclusions, on a encore besoin de confronter nos différents échanges pour faire des recommandations et aider à améliorer ce qui doit être amélioré et conforter ce qui va déjà bien.

Y a-t-il lieu de s’alarmer ? Quel a été l’impact des inondations dans la ville historique de Grand-Bassam ?

Vous avez raison d’insister sur ce sujet parce que c’était le motif de la mission. Nous avons vu que les inondations ont évidemment eu des conséquences importantes pour les populations qui étaient dans les zones en cuvette qui ont été inondées. Maintenant de ce que nous avons vu sur les victimes dans les situations, nous avons constaté que les désordres n’ont pas forcement été liés à cette inondation elle-même. Là où il y a eu des désordres, c’était des maisons sur lesquelles il y avait déjà des sujets d’entretien à améliorer. Avec l’inondation, il y a eu également du positif pour ces sujets de façon à pouvoir renforcer l’entretien de manière générale à Grand-Bassam et en particulier sur des bâtiments situés dans les zones inondables.

Concrètement, sur le plan financier, qu’est-ce qu’il faudra dégager comme moyens pour pouvoir sauver le patrimoine ?

C’est toujours difficile de faire le ratio aux doigts mouillés. C’est pour cela que nous avons besoin de préciser un peu les choses. Parce que nous avons toujours cette notion d’entretenir ses propres maisons que l’on soit propriétaire public ou privé. En gros, cela ne coûte relativement pas cher quand on le fait régulièrement et cela coûte d’autant plus cher quand on devra le faire en cas de sinistre. Le rapport sera là pour donner des recommandations pour voir comment améliorer la situation. Il faut peut-être qu’on trouve des solutions qui permettent de faire des travaux sans forcement attendre que tous les membres d’une famille se mettent d’accord. Mais là encore une fois, c’est des choses à préciser évidemment en accord avec le gouvernement ivoirien et notre interlocuteur au niveau de l’Unesco.

Est-ce qu’après votre expertise, on pourrait aboutir à la conclusion du déclassement de ces patrimoines ? 

Moi j’essaie de ne pas raisonner par la peur. Mais plutôt de raisonner de manière très scientifique. C’était l’objet de la raison d’être de cette mission. Il suffit de regarder par tous les angles et les points ce qui peut être fait sur le plan environnemental mais évoquer le sujet de l’embouchure du fleuve Comoé sur le plan architectural, urbain, paysager. Mais, cela concerne également la biodiversité. Et le simple fait de maintenir des plantations, de replanter des arbres permet de mieux stabiliser la terre pour être mieux résiliente par rapport à une inondation comme celle qu’on a connu à Grand-Bassam.

Qu’est-ce qu’on doit retenir au terme de votre mission ?

Nous avons été extrêmement honorés par la présence du ministre de la Culture et de la Francophonie lors de la conférence de presse à laquelle vous étiez présent. Nous avons été reçus par le Vice-président de Côte d’Ivoire à la fin de notre mission. Toute chose qui montre l’engagement de l’État ivoirien. Nous avons également rencontré le maire de Grand-Bassam et nous avons vu à quel point il a à cœur de mener à bien ce beau projet du patrimoine mondial. Il nous semble plus intéressant de préconiser ce qui peut être amélioré par rapport à ce qui a été déjà entrepris depuis le classement en 2012 et à l’issue de cette première mission en 2013 qui avait déjà donné des orientations. Nous avons été touchés par l’accueil de tous les interlocuteurs que nous avons rencontrés. 

Recueillis par Philip KLA