Le jardin tel qu’il vient d’être réaménagé grâce au mécénat de la compagnie Kinoshita Ltd, se présente comme une réinterprétation libre, fondée sur les documents disponibles. Dessiné et mis en oeuvre par Pierre Bonnaure, chef jardinier des Tuileries, assisté de Sébastien Ciret, ce projet a bénéficié des conseils de Michel Goutal, architecte en chef des Monuments historiques responsable du domaine du Louvre, et de Frédéric Auclair, architecte des Bâtiments de France.
Outre la commande de végétaux identiques à ceux des factures ou identifiables sur les tableaux de l’artiste, le parti principal a été de respecter l’idée d’opposition entre des « massifs à fleurs » bordés de thym, au pied de l’atelier qui est désormais la seule zone ensoleillée, et le « bois » avec ses bordures de buis, que mentionne les archives. Le puits a été dégagé et l’architecture de la façade de l’atelier remise en valeur dans sa symétrie. De même, un soin particulier a été apporté à la vue sur le jardin depuis les fenêtres de l’atelier, afin qu’il garde un aspect verdoyant contrairement à l’étendue de graviers qui le rendait si triste l’hiver. Ainsi, le jardin secret de Delacroix, avec son abondance de végétaux variés et ses senteurs retrouvées, devrait reconquérir sa place essentielle dans le parcours de visite du musée, au-delà de l’appartement où vécut l’artiste et de son grand atelier : un lieu habité où le peintre put se ressourcer au contact des arbres et des fleurs qui l’inspirèrent plus que la tradition ne l’a dit, faute d’avoir conservé la mémoire de ce lieu intime.
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